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« Badke », créée par le KVS, les ballets C de la B, et la A.M. Qattan Foundation, au 104

Avr 21, 2015 | Commentaires fermés sur « Badke », créée par le KVS, les ballets C de la B, et la A.M. Qattan Foundation, au 104

f article de Florent Mirandole

 

© Danny Willems

© Danny Willems

 

C’est un saut en l’air qui ressemble à un cri. T-shirt blanc et crâne rasé, un danseur zèbre la scène du 104 par ses sauts vertigineux. Au milieu d’une troupe qui mêle joyeusement danse, capoeira et cirque, il multiplie les performances physiques. Le sourire vissé au visage, on pourrait presque croire à sa bonne humeur. Mais l’entêtement qu’il montre à nous éblouir, par son énergie et son enthousiasme, traduit autre chose.

Chaque membre de la troupe A.M. Qattan Foundation partage avec lui cette fausse bonne humeur au début de la pièce. Mais au milieu des danses, des farandoles et de la musique festive et répétitive, quelques notes dissonantes finissent par troubler la belle unité de la troupe. C’est le cas lorsque l’électricité est coupée, plongeant brutalement la scène dans le silence et le noir. La troupe reste alors immobile, coupée nette dans son élan. Difficile de ne pas y voir une allusion aux blackouts qui ponctuent la vie quotidienne des danseurs.

Car les dix danseurs de la troupe A.M. Qattan Foundation sont originaires de Ramallah, en Palestine. A mesure que les « accidents » surviennent, leurs danses frénétiques et leurs cris tonitruants prennent une tout autre signification. Danser n’est plus artistique mais un acte de résistance, un moyen de survivre. Le choix du nom Badke est d’ailleurs un acte militant en soi, puisqu’il est issu du nom d’une danse traditionnelle du Proche Orient, la Dabke.

Le message politique met toutefois du temps à se révéler. Emporté par l’esprit festif, les cris et l’enthousiasme débordant, on ressort de la pièce créée avec le KVS et les ballets C de la B avec l’impression que la démonstration physique a pris le pas sur son message. Et malgré le caractère fort de ces danses traditionnelles, seuls quelques courts épisodes chorégraphiques resteront en mémoire. C’est le cas notamment de la courte idylle entre deux des danseuses, coup de foudre aussi soudain que honteux, soigneusement ignoré par le reste de la troupe.

Le message de la pièce réside peut-être dans l’accumulation de danses, de styles et de caractères différents. Devant cette explosion des sens, il est difficile de rester insensible. C’est déjà une première victoire.

 

Badke
Création et danse A.M Qattan Foundation
Concept et création Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero (Ballets C de la B) et Hildegard De Vuyst (KVS, Bruxelles)
Assistance à la mise en scène Zina Zarour
Soundtrack Naser Al Faris edited by Sam Serruys
Costume design Britt Angé
Concept et régisseur lumière Ralf Nonn
Régisseur son Steven Lorie

Avec Fadi Zmorrod, Ashtar Muallem, Farah Saleh, Yazan Eweidat, Salma Ataya, Ayman Safiah, Samaa Wakeem, Mohammed Samahnah, Samer Samahnah, Maali Maali Ata Khatab

Du jeudi 16 au samedi 18 avril 2015 à 21h

Le Centquatre
5, rue Curial – 75009 Paris
M° Riquet
Réservation 01 53 35 50 00
www.104.fr

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