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Critique • « La fleur à la bouche » de Luigi Pirandello, à la Comédie Française

Sep 30, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • « La fleur à la bouche » de Luigi Pirandello, à la Comédie Française

ƒ Critique  Camille Hazard

La Fleur a la bouche de Luigi Pirandello

©Brigittte Enguerand.

Michel Favory a confié à Louis Arene la mise en scène de Fleur à la bouche, spectacle unissant la pièce du même nom et en un acte de Luigi Pirandello et des extraits du Guépard de Guiseppe Tomasi Di Lampedusa. À travers leurs œuvres, ces deux grands auteurs italiens nous font partager la culture sicilienne, les drames tragiques, religieux, passionnels, qui font battre le cœur de cette terre. travers de Fleur à la bouche, Pirandello met en scène deux hommes se rencontrant la nuit dans une gare. L’un va mourir prochainement d’une maladie incurable « la fleur à la bouche ». Il hante la ville jour et nuit à la recherche d’émotions, de vie, de mouvements et de rencontres. L’autre, riche notable, vient de rater son train et attend… Michel Favory a choisi deux extraits du Guépard dont l’un, a donné la magnifique scène du bal dans le film de Visconti en 1963 ; scène dans laquelle le Prince de Salina, voyant la mort le guetter, jouit une dernière fois de la vie. Le besoin d’ingurgiter encore et encore de la vie avant de mourir, la volonté de comprendre le sens de son existence, les derniers instants fatigués de deux hommes qui ne veulent pas tomber dans le sommeil éternel, vont donner la possibilité à ces deux œuvres, de se répondre et de se compléter pendant le spectacle.

« Pirandello se plaît à nous décrire le moment où l’humanité des personnages entre en conflit avec leur animalité et le visage individuel avec l’image sociale de ce visage. » Louis Arene

La mise en scène épurée, composée de deux tables et deux chaises pour accueillir les protagonistes, laisse entendre chaque mot de ces deux grands textes. Seuls les demi-masques couleur chair portés par les comédiens, laissent entrevoir à qui veut, un univers irréel teinté de songes et d’intemporalité. La petite salle du Studio de la Comédie Française renforce la proximité du public avec ces deux hommes qui se livrent.

« Sous chaque sentiment il y a la présence de son contraire, derrière chaque masque, une multitude de visages. » Louis Arene

La mise en scène de Louis Arene joue admirablement sur l’ambigüité des mots, des situations, des personnages. On se perd dans ce qui pourrait être réel et ce qui ne l’est pas. Les extraits du Guépard, lus avant et après cette rencontre, participent à ce sentiment ambivalent : N’avons-nous pas seulement rêvé cette rencontre ?

Michel Favory (l’homme, la fleur à la bouche) donne à son personnage, une ombre de damné qui erre dans l’espace temps de la vie et de la mort. Louis Arene (l’homme qui a raté son train) écoute et amène des réactions très justes qui nous relient aux personnages. Une grande finesse et une grande mesure se dégagent de ce spectacle, on se perd dans le temps, on chavire entre réel et irréel, on vit les dernières heures d’un homme qui s’agrippe au monde.

La fleur à la bouche
De Luigi Pirandello
Accompagnée d’extraits du Guépard de Guiseppe Tomasi Di Lampedusa
Sur une proposition de Michel Favory

Mise en scène et scénographie Louis Arene
Avec Michel Favory et Louis Arene
Collaborateur artistique François de Brauer
Lumières Eric Dumas
Musique Jean-Baptiste Favory
Masques Louis Arene

Jusqu’au 3 novembre 2013 à 18h30

Comédie Française – Studio Théâtre
Galerie du Carrousel du Louvre
99 rue de Rivoli – 75001 Paris
Métro : Palais Royal, Musée du Louvre
Réservation au 01 44 58 98 58
www.comedie-francaise.fr

 

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