ƒƒƒ article de Camille Hazard
« Tout le malheur des Hommes vient qu’ils ne savent pas bien prononcer les mots (…). « Bien dire » c’est parachuter l’univers. »
Orlando c’est l’histoire d’un fils qui cherche son père.
Orlando c’est aussi l’histoire d’un impatient qui cherche, qui cherche partout, tout le temps, jusqu’à s’arrêter de chercher et de tomber…
Orlando c’est aussi un magnifique manifeste sur le théâtre dans lequel Olivier Py couche tout son amour. 4 heures d’exaltation amoureuse pour crier sa passion du théâtre, des comédiens, de l’écriture et de la création.
Les cinq actes commençant par un même dialogue entre la mère et le fils, encadrent et accompagnent l’évolution d’Orlando.
« Dis-moi son nom, son nom, son nom… » implore-t-il à sa mère, actrice perpétuellement sur le point de rentrer en scène.
Si le spectacle est parsemé de traces autobiographiques, Olivier Py a surtout soif de convaincre et de questionner la filiation familiale et artistique.
Dans chaque tableau, Orlando part à la recherche d’un père présumé. Toujours metteurs en scène, ces pères potentiels finissent par mettre fin à son espérance de filiation.
Au fil de ses recherches, Orlando grandit, murit jusqu’à lui-même avoir un fils. A ce moment-là, il ne souffre plus de sa quête désespérée mais d’un manque…
Si la mère, grande comédienne dans la pièce, paraît froide et dépourvue de sentiments maternels, on reconnaît par la suite, une protection et un amour sans borne. Elle parvient à lui faire comprendre que le père n’existe pas dans un nom, ni même dans une personne, mais dans tout ce qui a un lien avec lui ; une chambre d’hôtel, un sourire, un pays…
L’écriture magistrale de Py raisonne dans la bouche inspirée de comédiens magnifiques.
Partitions burlesques, tragi-comiques, dramatiques ; une fois de plus, Olivier Py pioche partout où il a besoin pour exalter ce qu’il a à transmettre au public.
Dans le texte très dense, parfois bavard, se détache l’idée principale du spectacle ; ne jamais savoir, toujours chercher.
Avec ce texte, Py rejoint l’auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad sur le thème de la filiation impossible, celui qui affirmait que « l’enfance est un poignard coincé dans la gorge ».
La question du politique et du pouvoir est largement décortiquée sans concession.
Mr le Ministre de la culture, Homme de et du pouvoir est constamment confronté au monde de l’art et plus intimement à Orlando.
Olivier Py ne se porte pas leader d’une grève générale en soutien aux intermittents (même s’il est entièrement solidaire) mais son spectacle vaut en tout cas toutes les manifestations…
Orlando ou l’Impatience
Texte et mise en scène Olivier Py
Scénographie, décor, costumes et maquillage Pierre-André Weitz
Lumière Bertrand Killy
Musique Stéphane Leach
Texte publié aux Editions Actes Sud
Avec Jean-Damien Barbin, Laure Calamy, Eddie Chignara, Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, Stéphane Leach, François MichonneauDu 6 au 16 juillet 2014
La Fabrica
www.festival-avignon.com
www.actes-sud.fr
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