ƒ Article de Camille Hazard
Ce solo de danse créé en 2011 par Babacar Cissé et reprogrammé à l’occasion du Festival Hautes Tensions à la Villette, tente de réveiller nos sens pour raconter l’exil.
Le plateau nu abrite, au début, une pièce à vivre dont les murs blancs et mobiles, vont tomber et servir d’écran projecteur. Le personnage qui attendait au début, allongé ou assis dans une torpeur mêlée de souvenirs (ou de fantasmes), prend la décision de tout quitter.
Il part cet homme.
Sans savoir où les vents l’emportent.
Sans savoir ce qui l’attend au bout de son voyage.
Avec un sac Tati plein à craquer de sa vie qu’il quitte, il part.
Et là, le périple commence…
A travers une course dansée, au milieu d’images de paysages défilants et projetées dans le fond de scène, supportant le poids de son sac, l’homme ne s’arrête jamais. La danse le maintient dans une urgence qui le pousse au bord de l’apoplexie. Lorsqu’enfin il s’arrête, il tente de renaître dans un environnement qu’il ne connait pas, de reprendre souffle au milieu de gens qu’il ne connait pas…
Mais bientôt il faudra reprendre la route…
Les idées de mise en scène illustrent bien les états d’âme du personnage même si certaines ont déjà été beaucoup utilisées : le bagage comme fardeau, le corps prenant vie dans l’eau, un combat avec son ombre…
On a l’impression que Babacar Cissé n’a pas assez fait confiance à sa grande technicité de danseur hip hop. Danse de rue pleine de force et de violence, le hip hop se suffit à lui-même pour montrer l’errance, la solitude, l’absurdité et la brutalité qu’une personne peut subiren se déracinant.
La musique, intervenant dans les différents tableaux, ajoute du « pep’s « plus qu’elle ne happe le spectateur dans le voyage…
Enfin, c’est dommage d’entrapercevoir ce grand danseur qu’est Babacar Cissé, par intermittence, au milieu de toutes ces trouvailles scéniques. Perdu au milieu d’éléments qui tendent à nous éloigner de l’essentiel, Babacar Cissé mérite de se mettre en plus en valeur lors de ses prochaines créations.
Le Syndrome de l’exilé
Chorégraphie, mise en scène et interprétation Babacar Cissé
Assistants Chorégraphe Tayeb Benamara, Guillaume Chan Ton
Création Lumière, Yvan Labasse
Scénographie, accessoires, Marc Valladon
Production, Cie Les Associés Crew
Le 12 et 13 avril 2014
Festival Hautes Tensions
Théâtre Paris-Villette
211, Avenue Jean Jaurès – 75019 Paris
M° Porte de Pantin
Réservations 01 40 03 72 23
comment closed