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Après la répétition, d’après Ingmar Bergman, de tg STAN, Théâtre de la Bastille

Oct 26, 2018 | Commentaires fermés sur Après la répétition, d’après Ingmar Bergman, de tg STAN, Théâtre de la Bastille


© Dylan Piaser

 

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Après la répétition. Une pièce créée par Frank Vercruyssen des tg STAN (travaillant depuis 17 ans avec le théâtre de la Bastille), et Georgia Scalliet, sociétaire de la Comédie Française. Tous deux ont repris et travaillé en 2013 le scénario de Bergman, Après la répétition, sorti en 1984. On y et plongés dans les échanges entre Vogler, un grand metteur en scène qui reprend cette pièce qu’il avait déjà présentée, 23 ans avant, mais alors avec la mère de Laura, décédée maintenant.

Vogler et Laura parlent, mentent, jouent, s’aiment et puis non, et encore si, pour voir, sentir, tenter, vivre ? Pendant un peu plus d’une heure, on est dans la pièce, cachés quelque part, on écoute nous aussi, on essaie de saisir, de comprendre ce que tous  deux échangent, et puis on s’abandonne, suivant le flot surprenant qui nous entraîne. Un homme et une femme, des années de différence, des « places » différentes elles aussi, le metteur en scène et l’actrice pas encore sûre d’elle, ou trop, qui sait ? L’un manie l’autre et vice-versa. On parle boulot, de maman, la garce, qui a heureusement passé l’arme à gauche, et puis… sexe, non seulement ça, mais aussi cette envie surprenante qui tourne autour, un rien de vérité, allez savoir, on s’aime, on s’aime pas, le sexe c’est juste pour rire ?  Des mots, des mots, et des gestes minuscules, enfin pas très grands, un jeu entre Vogler et Laura qui nous laisse pantois.

Mais l’étouffement est bien loin, il s’agit là de mille questions qui voltigent, on ne comprend rien ? on est en plein dedans ? que vais-je écrire dans cet article ? Oui, on est face à une subtilité si simple qu’on peut se sentir perdu, porté, tout bêtement plongé dans ces échanges qui mot à mot fabriquent, montent, de la légèreté, vous savez cette petite chose si rare, aux éclats parfois quasi invisibles, ceux que l’on rate en passant trop rapidement devant. Frank Vercruyssen et Georgia Scalliet sont des lapidaires, et travaillent sur une pierre précieuse fantastique, du Bergman quoi.

Du léger, du violent retenu. Sur scène, des tensions que l’on fait semblant de ne pas reconnaître, ou que l’on utilise pour s’avouer l’inverse. Et la mère morte, le petit ami dont on parle, mais juste comme ça, pour faire croire que, pour que tu comprennes, entendes. Ils utilisent leur métier, l’univers du théâtre, les autres, pour tenter sans succès de parler de ce salopard d’amour qui rigole, là, entre eux deux, ou pas loin, mais ici. Un océan d’étrangeté et de vérité que Frank Vercruyssen et Georgia Scalliet remuent devant nous. Comme on souffle sur les pissenlits pour que tout s’efface et rebondisse, puis repousse, refleurisse on ne sait quand. Comme devant un mur sur lequel on écrit des graffiti au lance-flammes. Comme on offre un spectacle comme on dit, une pièce pourquoi pas, des mots, de la force. Atteints, on applaudit.

 

© Dylan Piaser

 

 

Après la répétition, d’après Après la répétition d’Ingmar Bergman

De tg STAN et Georgia Scalliet

De et avec  Georgia Scalliet de la Comédie-Française et Frank Vercruyssen, de tg STAN

Avec la collaboration de Alma Palacios, Ruth Vega Fernandez

Costumes  An d’Huys

Technique  Tim Wouters

Lumière et scénographie  Thomas Walgrave

 

Spectacle présenté en co-réalisation avec le Festival d’Automne à Paris.
 

 

Du 25 octobre au 14 novembre 2018

26 octobre et 6, 7, 12, 13, 14 novembre à 19h30

25, 27, 28 octobre et 1er, 2, 3, 4, 9, 10, 11 novembre à 18h

Relâche les 29, 30, 31 octobre et 5, 8 novembre

 

Durée 1h15

 

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris

T+ 01 43 57 42 14

 

www.theatre-bastille.com

www.festival-automne.com

www.stan.be

 

 

 

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