Critiques // Anima Ardens, chorégraphie de Thierry Smits, au Théâtre de la Manufacture, Festival Off d’Avignon.

Anima Ardens, chorégraphie de Thierry Smits, au Théâtre de la Manufacture, Festival Off d’Avignon.

Juil 15, 2018 | Commentaires fermés sur Anima Ardens, chorégraphie de Thierry Smits, au Théâtre de la Manufacture, Festival Off d’Avignon.

© Fatih M. Kaynak

ƒƒƒ article de Toulouse

Anima Ardens explore au travers de la danse nos parts informulées les plus tribales. Il réveil la bête qui sommeille en nous. Un spectacle d’une puissance étonnante, qui dénote pour le plus grand plaisir dans la jungle avignonnaise.

Onze hommes, nus, dansent une étrange cérémonie : celle d’une danse venant altérer le corps et l’âme. Comme si la chair sortait de ses gonds, on nous laisse contempler l’ouragan d’une matière charnelle mise en branle le temps d’une représentation. Proche de la transe, le mouvement écarte le plus souvent toute idée esthétisante de « belle danse .» Ici, malgré une maîtrise et une technique sauvage et redoutable, il s’agit pour le chorégraphe belge de déconstruire la forme dans un joyeux chaos organisé et organique. Il met en scène ici la tension d’une force dionysiaque qui cherche à détruire la représentation, tout en étant pourtant spectaculaire et image. Cela peut nous rappeler les élans chatoyants d’un Sacre du printemps. On nous renvoie, en effet, à l’agencement sacral d’un rituel où se déchaîne nos pulsions les plus violentes, les plus animales. On repère ici une grammaire chorégraphique faite de distorsions corporelles, appelant à réveiller l’animalité monstrueuse qui siège en chaque corps. Les corps sont dans une nudité assumée, puissante et provocante. Pertinente et logique, dans la mesure où on nous parle de corps originels et organiques, la nudité des danseurs n’a rien de la grâce apollinienne de jeunes éphèbes. Quoi que tous magnifiquement sculptés par la danse et l’exercice, le corps désacralisé prend ici la figure farouche et vulgaire du bestial. On nous parle aussi d’une sexualité primale, sans filtre, et qui remue sur la scène des élans de vie et d’énergie d’une puissance démente.

Les onze interprètes sont tous de grands danseurs. Ils juxtaposent à leur prouesse et leur virtuosité une charge émotionnelle pleine de justesse. Une théâtralité inhérente à chacun se dégage, et une histoire muette, racontée par la peau, se déploie sous nos yeux.

 

Anima Ardens

Chorégraphie  Thierry Smits

Assistants à la chorégraphie  David Zagari, Vincenzo Carta

Création sonore  Francisco López

Création vocale  Jean Fürst

Création lumières et coordination technique  Bruno Gilbert

Régie son   Jean-François Lejeune

Avec  Linton Aberle, Ruben Brown, Davide Guarino, Michal Adam Goral, Gustavo Monteiro, Oskari Nyyssölä, Emeric Rabot, Nelson Reguera Perez, Oliver Tida Tida, Eduard Turull, Duarte Valadares

Du 6 au 15 juillet à 19h50, relâche les 8 et 12 juillet.

La Manufacture

2 rue des Écoles, 84000 Avignon

Réservations au 04 90 85 12 71

https://lamanufacture.org

 

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