À l'affiche, Critiques // Aneckxander, de Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, à l’Usine C.

Aneckxander, de Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, à l’Usine C.

Oct 28, 2016 | Commentaires fermés sur Aneckxander, de Alexander Vantournhout et Bauke Lievens, à l’Usine C.

ƒƒƒ article de Jean Hostache

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© Bart Grietens

Surnommé « Aneckxander », Alexander au long cou, au corps fascinant, monstrueusement-angélique, propose pour le Festival Actoral de l’Usine C une performance rare est absolument époustouflante. Il s’agit d’une étude sur le corps humain. Un corps ici atypique, capable de se tordre, de se désarticuler, de se condenser à l’extrême, nous donnant le sentiment que la chair pourrait prendre la qualité d’une matière comme le gaz, le caoutchouc ou encore le diamant brute. Le sentiment qui guette constamment le spectacle admirant cette acrobate de génie, est de l’ordre d’une hallucination totale. On a de la peine à croire les prouesses qui se déroulent sous nous yeux, qui sont pourtant bien réelles est bien incarnées. Réelles car il s’agit de performance, où l’illusion théâtrale et la bonne veille machine fabulatrice n’ont pas leur place au plateau. Où contemple une nudité bien réelle, qui se heurte dans le mouvement, qui fait choc et joue à la fois avec nos craintes et notre désir malsain de violence. Il y a quelque chose de tragiquement drôle dans ce corps qui se cherche, qui vient découvrir autant ses possibilités multiples et hors du commun que ses limites, qui viennent bousculer et couper net le mouvement de virtuosité. Pourtant les limites sont à prendre à une échelle qui ne sont en aucun cas celles de l’homme, tant ce qu’accomplit Alexander Vantournhout appartient à une sphère que nous ne connaissons pas et que nous avons plaisir à venir découvrir. Nous parlerons de sa présence très forte au plateau, de ses regards enfantins et touchants adressés un à un au public comme autant d’amis bienveillants, de sa qualité de corps à la fois animale, rebelle à la gravité, de ce corps sculptural qu’il métamorphose comme une peinture de Francis Bacon. Au cours du spectacle certain objets, plaqués ici comme des prothèses, viennent habiller la nudité pour ajouter une dimension monstrueuse et contraignante à la performance. Sur une musique enregistrée en temps réelle sur un piano électrique, Alexander réalisera à plusieurs reprises une variation de mouvements complexes dont les motifs accentuent la tension au fil de ces prothèses qu’il se rajoute et s’impose dans la répétition. Un Sisyphe contemporain qui s’essouffle sous le poids des choses et qui continue de nous heurter profondément. Une proposition radicale qui laisse le spectateur bouche bée par la beauté qui lui fait face, comme dans combat où dès le premier regard nous savons que nous sommes pris.

 

Aneckxander
Création Alexander Vantournhout et Bauke Lievens
Dramaturgie Bauke Lievens
Aide à la dramaturgie Dries Douibi et Gerald Kurdian
Regards extérieurs Geert Belpaeme, Anneleen Keppens, Lore Missine, Lili M.Rampe.
Technique Tim Oelbrandt, Rinus Samyn
Musique Arvo Pärt
Costumes Nefeli Myrtidi, Anne Vereecke
Avec Alexander Vantournhout

Du 25 au 26 octobre à 20h

Usine C
1345 Avenue Lalonde, Montréal, QC H2L 5A9
Metro Beaudry
Réservations 514-521-4493
www.usine-c.com

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