À l'affiche, Agenda, Brûlant, Critiques // Ancora tu, écriture et dramaturgie de Dany Boudreault et Salvatore Calcagno, mise en scène et direction artistique de Salvatore Calcagno, à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet

Ancora tu, écriture et dramaturgie de Dany Boudreault et Salvatore Calcagno, mise en scène et direction artistique de Salvatore Calcagno, à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet

Déc 08, 2024 | Commentaires fermés sur Ancora tu, écriture et dramaturgie de Dany Boudreault et Salvatore Calcagno, mise en scène et direction artistique de Salvatore Calcagno, à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet

 

© Ancora Tu – Théâtre Varia / Vivien GHIRON

 

 

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Ancora tu est pour le moins un spectacle surprenant. Ancora tu on s’y rendrait presque certain d’en ressortir tout triste, chargés de souvenirs épouvantables après un spectacle sombre. Forcément, un sujet pareil, la fin d’une histoire d’amour entre deux hommes. On grimpe jusqu’à la salle Christian-Bérard du Théâtre Louis-Jouvet en se flagellant presque. Et l’on monte, monte, monte. Souffrance des escaliers souvenirs. La scène est ouverte déjà, nue ou presque, avec toute une série de mots curieux écrits sur un grand tableau noir. Sinistre.

On attend, sagement. Et puis débarque un très joli monsieur, Nuno, couvert d’une curieuse et surprenante chemise blanche, cheveux bruns et boucles d’oreilles multiples. Le noir ne se fait pas dans la salle, non, nous allons faire partie du jeu. Ces fameux mots écrits sur le panneau du fond, eh bien ce sont des souvenirs de son histoire avec Salvatore. Ils devaient faire un film ensemble, étaient tombés amoureux, la vie est belle… Mais la terre glissante et hop ! tout s’achève. Nuno va retourner à Lisbonne, fait ses bagages en quelque sorte, les bagages de ces souvenirs donc. Il lit deux ou trois de ces mots, et demande à quelqu’un dans le public, après, c’est vrai, avoir fait de l’œil ici ou là, déclaré à tel ou tel mec dans la salle qu’il n’était pas mal du tout, de choisir un mot. Et il raconte alors ce que ce mot veut dire pour lui, à quoi il peut correspondre dans cette histoire qui a glissé du mauvais côté. Certes, quand ce n’est pas le bon mot, un grand sourire, et avant d’enlever sa chemise et d’être en slip blanc, comme un gamin innocent, il nous raconte tout de même ce qui correspond au mot rayé, au souvenir du coup normalement oublié. Pour rire ? Juste ce soir ? Ou à chaque fois la même chose pour ne pas modifier son texte ? Allez savoir ou revenez voir ce spectacle… Et le costume change, superbe lui-aussi, pour danser un tango magique ? Et les souvenirs avancent, tente de faire exister de nouveau cet amour effacé, perdu. Les éclats de rire sont non-stop, les adieux, l’absence, le vide est là.

Mais Nuno semble vouloir lutter d’une façon beaucoup plus dynamique, rebondissante. Ou, il nous raconte des évènements passés, dissous, mais, un claquement de doigt et ils semblent être là, encore, et nous en rions tous. Vouloir faire revivre cet amour ? Allez savoir. Vouloir montrer son énergie, sa beauté, même si ces garces ont pris un autre chemin ? Allez savoir bis. En tout cas, nous sommes séduits, jeunes homos ou vieux hétéros. Le rire est très présent, le choix des souvenirs à rayer ou conserver est un jeu, oui, et y participer nous fait rire. Curieux pour raconter l’écrasement sinistre d’une telle histoire… Mais l’amour réapparaît, le gris et les larmes n’ont pas eu le droit d’entrer dans cette salle. Le théâtre lui fait du bien. Nuno se souvient de Salvatore, grâce à nous, assis sagement. Il se marre grâce à nous, peut passer à autre chose ? Nous sommes tous d’accord pour gifler Salvatore si nous le croisons. Tous ce que nous raconte Nuno fait du bien, façon de revivre après une chute colossale, un amour qui s’est cassé la figure ? Allez savoir. Cette participation des spectateurs est en tout cas amusante, fait réfléchir, une union est à deux doigts d’apparaître.

 

© Ancora Tu – Théâtre Varia / Vivien GHIRON

 

 

Ancora tu, écriture et dramaturgie : Dany Boudreault, Salvatore Calcagno

Mise en scène et direction artistique : Salvatore Calcagno

Interprétation : Nuno Nolasco

Direction technique : Olivier Vincent

Création lumière : Angela Massoni

Conception costume : Bastien Poncelet

Réalisation costume : Catherine Piqueray

Photographie : Antoine Neufmars

Salvatore Calcagno est un artiste associé au Théâtre de Varia, Bruxelles

 

Du 28 novembre au 7 décembre 2024

Durée du spectacle : une heure

 

Ce spectale s’inscrit dans la saison Jeune Création de la salle Christian-Bérard, en partenariat avec Prémisses.

 

Athénée Théâtre Louis Jouvet

4, Square de l’Opéra Louis-Jouvet

75009 Paris

Réservation 01 53 05 19 19

www.athenee-theatre.com

 

Tournée :

11-14 décembre 2024, Théâtre Varia, Bruxelles

18-19 décembre 2024, Centre Culturel Kinneksbond, Luxembourg

 

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