© Christophe Reynaud De Lage

ƒ article de Victoria Fourel

À la croisée des genres, à la fois road-trip, fable et pièce à sketches, Amitié s’inspire d’un scénario inachevé de Pier Paolo Pasolini et de textes de l’auteur et comédien Eduardo de Filippo pour suivre les pas d’un roi mage sur la route de Bethléem. Mais son voyage et les rencontres qu’il fait tout le long de sa route vont rendre son périple un tout petit peu plus long que prévu…

Des costumes à vue, une estrade qui ne prend qu’une partie du vaste plateau de la Croix-Rousse, une étoile électrique… On est plongé instantanément dans un théâtre de tréteaux, dans un spectacle qui serait de passage en ville. On peut alors admirer l’agilité des comédiens, qui semblent voler d’un épisode à l’autre, avec toujours autant de goût. Martine Schambacher, notamment, est épatante. La direction d’acteurs est excellente, et les ruptures de jeu sont toujours justes. Les moments qui racontent le voyage d’Eduardo, empreints de poésie et d’aventure sont contrebalancés par les piques que les personnages se lancent, tout en premier degré.

L’alternance entre ces deux œuvres et entre ces deux ambiances rend pourtant moins fort l’ensemble. Si l’on n’est pas familier avec l’un ou l’autre des deux univers, il est difficile de rentrer dans chacune des histoires, de profiter de façon égale de tous les personnages. C’est un moment de scène très particulier, un hommage à des créateurs et des écritures, mais le montage a ses limites. Par exemple, lorsque chaque scène de l’œuvre d’Eduardo de Filippo commence, elle est indiquée par un petit écriteau apporté par l’un des comédiens. Les ruptures de ceux-ci, leur énergie, vaut bien plus que ces cartons pour nous signifier que l’on a changé d’endroit et de protagonistes. Et puis, on n’a parfois pas forcément envie de quitter l’une des scènes ou le périple d’Eduardo pour passer à autre chose. Certains passages sont si drôles ou étranges, qu’on ne comprend pas le besoin du montage.

Dans Amitié, la proximité, créée notamment par les lumières au-dessus du public, qui resteront allumées une grande partie du spectacle, est évidente. D’ailleurs, la salle est presque trop grande pour une pièce qui nous regarde autant dans les yeux. On pourra trouver ça inégal ou très varié, c’est en tous les cas un drôle d’objet théâtral, une vraie prise de position, voire un voyage.

© Christophe Reynaud De Lage

Amitié, textes Eduardo de Filippo et Pier Paolo Pasolini

Traduction Emanuela Pace et Hervé Joubert-Laurencin

Mise en scène Irène Bonnaud

Lumières et régie générale Daniel Lévy

Costumes Nathalie Prats

Assistanat mise en scène Katell Borvon

Avec François Chattot, Jacques Mazeran et Martine Schambacher

Durée 1 h 10 environ

Du 13 au 17 octobre 2020, tous les jours à 20 h sauf samedi à 19 h 30

Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre

69004 Lyon

Réservation au 04 72 07 49 49

www.croix-rousse.com

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