© Pierre Meunié
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
https://www.arte.tv/fr/videos/093517-000-A/allegria-de-kader-attou-au-theatre-de-chaillot/
Allegria. Perfusion de simplicité, de joie forcément, de force et d’envie. Voici ce qu’on pourrait dire très rapidement du dernier spectacle de Kader Attou, présenté en ce moment au Théâtre national de Chaillot. Oui, vraiment, et on ressort tellement emporté et heureux après cette magie d’un peu plus d’une heure que souhaiter en dire plus terrifie, avec l’idée de manquer un superlatif, d’oublier un détail sur scène, un échange, un regard.
Tout se passe sur une scène vide et construite, une scénographie parfaite : un large espace retenu par un écran, une seconde scène en fait, un ailleurs si proche et nécessaire, sur lequel les hommes, les danseurs, vont aller, venir, et inversement. Ils sont huit. Différents, divers, nécessaires. Allegria débute sur une petite affaire sombre, une tentative de braquage de valise, jolie valise, sans doute dans un aéroport, une gare, allez savoir et peu importe. Le propriétaire se défend, les voleurs se suivent, et dans la salle nous sommes un peu surpris que la joie naisse d’un pareil événement. Oui, mais elle est déjà bel et bien là, bribes après bribes comme si d’infimes éclats s’envolaient pour changer le sujet, nous faire passer à autre chose. Et ces huit danseurs vont nous époustoufler. Des mouvements avec une dose surprenante de « réalité », comme liés à leur masse, leur force. Du costaud indiscernable, des échanges, des essais, des tentatives (« un bisou, allez ! »), des réussites ou des échauffourées, tout ceci inspiré ici ou là du roman graphique, du cinéma et du singspiel enchanté, tout ceci porté, transcrit, véhiculé, dans des éclats surprenants, par un hip-hop hallucinant. Le tout nous éclabousse de légende, nous perd dans un cirque tenace, vif, entraînant. De minis scènes se suivent sans se suivre, la construction étant si légère, rebondissante et sans aucun poids, petite sœur de billes dans un escalier plat.
Il ne faut absolument pas oublier la musique qui porte et soutient tout cela, à sa manière, musique de Régis Baillet – Diaphane. Plus que souple et ponctuée où il faut, comme il faut. Rien de sage ni de fade ici, rien de trop ni de pas assez. Soutient idéal. Neuvième danseur ? Sans aucun doute !
Allez, soyons raisonnable et faisons comme si : peut-être un brin (un tout minuscule brin) de longueur vers la fin, deux ou trois merveilles qui auraient pu être oubliées. Avant que les saluts explosent, nous ne vous diront pas comment, nous vous dirons juste qu’Allegria prouve que les talents rencontrés, lancés en l’air, ont ici reçu dix mille fois et à juste titre, celui d’Allegria.
© Mirabel White
Allegria, direction artistique, dramaturgie et chorégraphie, Kader Attou
Assistant Mehdi Ouachek
Scénographie Camille Duchemin, en collaboration avec Kader Attou
Musique Régis Baillet – Diaphane
Lumières Fabrice Crouzet
Avec Gaetan Alin, Khalil Chabouni, Jackson Ntcham, Mehdi Ouachek, Artem Orlov, Sulian Rios, Hugo de Vathaire, Maxime Vicente
Du 23 novembre au 5 décembre 2019
Durée 1 h 10
Salle Jean Villar
- Sam 23 novembre — 19 h 45
- Dim 24 novembre — 15 h 30
- Mar 26 novembre — 14 h 30
- Mar 26 novembre — 19 h 45
- Mer 27 novembre — 20 h 30
- Jeu 28 novembre — 19 h 45
- Ven 29 novembre — 20 h 30
- Sam 30 novembre — 19 h 45
- Mar 03 décembre — 19 h 45
- Mer 04 décembre — 20 h 30
- Jeu 05 décembre — 19 h 45
Chaillot – Théâtre National de la Danse
1 place du Trocadéro
75116 Paris
Réservation : 01 53 65 31 00
www.theatre-chaillot.fr
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