ƒ article de Camille Hazard
© Jean-Louis Fernandez
Le grand rideau rouge est clos.
Pointant le bout de son nez au milieu des spectateurs, Alice apparaît. Jeune fille des temps modernes en anorak et baskets, elle va bientôt traverser le grand rideau rouge de la scène et nous faire passer derrière le miroir.
La scène baignée d’eau reflète la lumière d’un monde ondulé et insaisissable.
Les pérégrinations commencent; le rythme s’accélère, sons, chants, acrobaties et jeu forment un spectacle qui éblouit. Les tableaux s’enchainent avec les personnages du conte et gravitant autour d’Alice mais aussi avec le Petit Chaperon rouge, le loup, Pinocchio… et rapidement on vient à penser que toutes ces démonstrations nous laissent à peine le temps de respirer, de se laisser aller aux divagations si présentes dans l’univers d’Alice. Le théâtre n’est-il pas le lieu de l’imagination ? de l’introspection ? Bien qu’irréprochables techniquement, les bruitages, les projections numériques qui habillent les scènes font suffoquer la scénographie et nous voilà pris dans un tourbillon de sons et d’images, privés d’évocations.
Le choix de faire chanter de manière récurrente les personnages, à l’instar des comédies musicales, repousse les spectateurs à l’extérieur du monde d’Alice et l’on peine à replonger dans ce monde faste, coloré et bruyant.
Les comédiens de la troupe du Théâtre de la Ville jouent, dansent et chantent à merveille. Alice, interprétée par la comédienne Suzanne Aubert, ne manque pas de malice ni de caractère et l’on retiendra la très belle image quand, se métamorphosant de minuscule à géante, le changement de taille d’Alice est imagé par l’éclairage de son ombre rétrécie ou élargie. Une idée scénique qui ne prive pas la comédienne de jeu et qui favorise la rêverie chez les spectateurs.
Si le conte de Lewis Carroll n’a pas pris une ride, ce n’est sans doute pas grâce aux nouvelles technologies présentes sur scène mais bien parce de tout temps, les gens ont toujours besoin de rêver.
Alice et autres merveilles
D’Après Lewis Carroll
Texte Fabrice Melquiot
Mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
Assistant mise en scène Christophe Lemaire & Julie Peigné
Scénographie Yves Collet
Costumes Fanny Brouste, Peggy Sturm, Alix Descieux-Read & Hélène Chancerel (Anaïs Gabillard)
Lumières Yves Collet, Christophe Lemaire & Thomas Falinower
Son David Lesser
Vidéo Matthieu Mullot
Masques Anne Leray, Marie-Cécile Kolly, Patty Robinet
Maquillage Catherine Nicolas
Objets de scène Audrey Veyrac
Conseiller artistique François Regnault
Training physique Nina Dipla
Travail vocal Maryse MartinesAvec Suzanne Aubert, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Sandra Faure, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet & Walter N’Guyen.
Du 9 au 24 septembre 2016
Théâtre de la Ville
2 Place du Châtelet – 75004 Paris
M° Châtelet
Réservation 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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