À l'affiche, Critiques // Aimez-moi, de Pierre Palmade, mise en scène Benjamin Guillard, au Théâtre du Rond-Point

Aimez-moi, de Pierre Palmade, mise en scène Benjamin Guillard, au Théâtre du Rond-Point

Déc 11, 2017 | Commentaires fermés sur Aimez-moi, de Pierre Palmade, mise en scène Benjamin Guillard, au Théâtre du Rond-Point

© Eddy Brière

ƒƒ Article de Victoria Fourel

Aimez-moi, c’est une demande, une injonction, une confession ou une ouverture au public. C’est même une caricature, des artistes comme des hommes, qui veulent être aimés. Pierre Palmade est entier dans ce spectacle, prêt aujourd’hui à se dévoiler tant qu’à faire rire.

Avant toute chose, on note comme le comédien et le metteur en scène déjouent l’écueil du one man show. Si chaque sketch est borné par une lumière et une musique, on n’est pas dans le seul en scène dans lequel un humoriste se gargarise de ses applaudissements. Ici, c’est une vraie musique de scène que l’on entend, et les sketches sont de durée inégale, évitant qu’un rythme ronflant et linéaire ne s’installe. Une ambiance citadine bleue nuit et des lumières intelligentes nous renvoient à des confessions nocturnes, à des histoires que l’on voit se dérouler chez les autres, par la fenêtre.

L’écriture, elle, est fidèle au comédien, et à notre époque, mais n’est pour autant pas forcément à la mode. Ici, l’humoriste ne rit pas de ses propres blagues. On est dans la connivence, et d’ailleurs on se reconnaîtra quelquefois, mais on n’est pas pour autant dans la conversation, dans l’égalité avec le public. D’abord parce que le spectacle tourne beaucoup autour de l’extrême franchise, racontée comme une fausse qualité, qui nous fait dire des horreurs sous couvert d’honnêteté, et que donc Palmade se doit d’être imperturbable, et de friser avec le malaise parfois. Ensuite parce que la magie et l’imaginaire ont une grande place sur scène. Comme lorsque nous est expliqué l’intérêt de converser avec des comédiens imaginaires. C’est fin, c’est intelligent, et surtout, c’est du théâtre.

Bien sûr, en 1h30, il y a aussi des choses inégales, des pertes de rythme ou des difficultés à instaurer une unité. Par exemple, le comédien fait le choix de créer des intermèdes, des transitions en forme de discussion avec le public, qui peuvent au choix, nous faire perdre notre émerveillement face à ses personnages extrêmement bien dessinés, ou rendre le tout un peu explicatif. On préfère lorsque l’acteur joue sur le comique de répétition en faisant intervenir les mêmes personnages plusieurs fois, plutôt que de revenir à lui entre chaque scène. C’est une gymnastique de comédien qui pourrait être évitée à l’acteur comme au public.

Palmade n’a pas le côté « tueur » que nous renvoient bon nombre d’humoristes aujourd’hui. Il n’est pas forcément dans la punchline, dans le débit. Alors tout ne fait pas mouche, tout n’est pas exactement en place, ou en énergie. Mais il fait dans le portrait plein de tendresse pour des personnages pourtant parfois atrocement cruels. Il parle de nous, qui avouons nos défauts pour les rendre moins monstrueux, il parle de nos maladresses et des siennes. Sans fard et sans ambages, comme le public l’attend. Ce spectacle n’est pas parfait, mais ça tombe bien, ce n’est pas la perfection que Pierre Palmade recherche.

Aimez-moi

De et avec Pierre Palmade

Mise en scène  Benjamin Guillard
Scénographie  Jean Haas
Lumière  Olivier Oudiou
Son  Sébastien Trouvé
Assistant mise en scène  Héloïse Godet
Régie générale  Cyril Sanz

Du 5 au 31 décembre 2017, du mardi au dimanche à 18h30

Théâtre du Rond-Point
2bis av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Réservation 01 44 95 98 00

www.theatredurondpoint.fr

 

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