article de Nicolas Brizault
Alors, comment dire ? Par quoi commencer ? Aimez-moi est présenté comme un profond travail sur les chansons de Barbara et de Janis Joplin, très importantes dans la vie de Kloé Lang, ce que l’on comprend et partage. Il y aura des chansons, bien entendu, oui, nous sommes partant et curieux, curieux déjà de voir ce que va donner un spectacle dont le dossier de presse fait naître Barbara en Allemagne. Ah bon, et plus dans le 17e arrondissement alors ? Tout peut arriver, errare humanum est, comme on dit en anglais.
Aimez-moi ratiboise pourtant cet essai de curiosité dès le début. Kloé Lang secoue un bâton et, oh, il pleut. Un mini truc sur lequel on tape —« carillon soprano » ? c’est joli le jaune… — apparaît et on tremble un tout petit peu. Ce n’est rien, la voix jaillit seulement. Bon, certes, Kloé Lang est comédienne avant d’être chanteuse. Un brin d’éclaboussement était attendu ceci-dit, force, tension, larmes, etc. Larmes ? oui, les nôtres. La voix de Kloé Lang va de bas en haut, se promène de droite à gauche, vibre, façon « chute des escaliers » et ce n’est probablement pas fait exprès. C’est douloureux oui. Aucune tension sauf trente-sept secondes dans lesquelles le bout d’une chanson de Barbara est à deux doigts de l’explosion. Tient, pourquoi pas ? Mais pas plus de développement et zou ! encore un peu de joli gling-gling avant de demander un peu d’eau à maman, qui est là heureusement. On s’amuse bien, hein ? Janis Joplin a dû user de moult produits pour oublier tout ça, Barbara lui en réclamant au bout d’un moment.
Peut-être que Kloé Lang sait mieux amuser son public que de lui montrer un éventuel cheminement personnel à travers la musique. Sans doute. On a surtout devant soi l’impression d’une petite fille heureuse, elle, et gâtée qui ferait mumuse avec des assiettes sales pour faire rire les grands à la fin d’une réunion de famille. Lang créé même les rappels et joyeuse parle d’elle, raconte comment ce spectacle s’est mis en place, et ce qu’elle va encore détruire, rayer, transformer en confettis pour faire rire longtemps, encore, ouiiiii. Scénographie inexistante, talent improbable, le titre se comprend confusément, Aimez-moi. Fade et involontaire cri vinyle, que l’on ne souhaite pas en 33 tours.
Aimez-moi, chansons de Barbara et de Janis Joplin
Textes Barbara et Janis Joplin
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