À l'affiche, Critiques // 42nd Street, livret de Michael Stewart et Mark Bramble, mise en scène de Steven Mear, au Théâtre du Châtelet

42nd Street, livret de Michael Stewart et Mark Bramble, mise en scène de Steven Mear, au Théâtre du Châtelet

Nov 22, 2016 | Commentaires fermés sur 42nd Street, livret de Michael Stewart et Mark Bramble, mise en scène de Steven Mear, au Théâtre du Châtelet

ƒƒƒ Article de Victoria Fourel

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Dans les coulisses de Pretty Lady, nouvelle comédie musicale en préparation, se tissent les liens et les egos, se jouent les carrières et les rêves de gloire. Producteurs, artistes, icônes. A travers le personnage de Peggy, on découvre tous les enjeux et les secrets du monde des planches dans les années 30, époque où les salles de spectacle sont prises d’assaut par des foules à la recherche d’évasion.

Les comédies musicales qui atterrissent sous nos yeux au Théâtre du Châtelet viennent avec des missions précises : être massive, fidèle au genre et cultes. Pari tenu. Avec sa trentaine de danseurs, ses numéros de claquettes qui s’inscrivent dans la plus pure tradition du style, et son histoire de doublure devenue vedette, on est plongé dans l’univers de Broadway dès le début. Grandes voix, personnages typés parés de traits reconnaissables, l’énergie est là, et même, certains parviennent à surprendre dans leurs partitions pourtant très écrites, voire handicapantes. Ria Jones, dans le rôle de la diva à la voix profonde, vénéneuse de confiance, mais touchante par ses envies et besoins ordinaires, est à la fois superbe et très drôle. Reste le défi épineux pour une mise en scène dantesque et attendue d’apporter de la nouveauté dans la lecture du spectacle. Aussi respectueux que soit Steven Mear à la fois du style et de l’œuvre originale, il ne s’agit pas de tomber dans une nostalgie satisfaite. Ce n’est pas le cas ici, même si l’on sent la difficulté d’être créatif tout en respectant farouchement l’héritage.

Là où une fenêtre s’ouvre, c’est dans le travail visuel. Les costumes passent de tenues classiques des années 30, avec un très joli sens du détail, à des parures de scène excessives, sans comparaison possible. Pendant la partie du spectacle dans laquelle se déroulent les répétitions de Pretty Lady, les décors d’entrepôts, écrasants par leur taille et par leur teinte brique, reflètent le travail surhumain qu’est la création, et les conditions pas toujours idéales pour mettre sur pied ce que Broadway se chargera de transformer en machine à rêves. Mais dès que l’on joue, tout s’illumine, tout étonne. Un décor final époustouflant, entre maquette et ombres chinoises, joue avec les volumes. On apprécie le jeu entre réalisme et fiction fantaisiste, le côté bande dessinée de l’univers art déco.

Le backstage musical, qui suit la création d’un spectacle, est une mise en abyme dont le public est friand. Dans les années 30, donc, mais aussi à l’heure de la pop culture. Séries télé des années 2000 et 2010, films de fiction, et biopics : pénétrer le monde de la scène et traverser le quatrième mur est une tentation irrésistible pour le spectateur. Dans 42nd street, les deux faces du même miroir sont tellement colorées, si bien dissociées, et notamment dans des scènes qui jouent avec les ombres et les silhouettes, que l’intérêt est évident : comment montre-t-on à la fois les paillettes, et la colle qui les fait tenir au costume ? Avoir la possibilité, enfin, de découvrir en France des musicals classiques, c’est se mettre à l’heure de Londres ou de New York, c’est voir les fils et les ignorer. Encore une fois : pari tenu.

42nd Street
De Michael Stewart et Mark Bramble
Paroles Al Dubin
Musique Harry Warren
Mise en scène Steven Mear

Avec Alexander Hanson, Ria Jones, Monique Young, Dan Burton, Jennie Dale, Carl Sanderson, Emma Kate Nelson, Stéphane Anelli, Matthew McKenna, Teddy Kempner, Chantal Bellew, Charlie Allen, Emily Goodenough, Jessica Keable, Barnaby Thompson, Scott Emerson, Jo Morris, Matthew Whennell Clark, Daniel Collins, Jessica Buckby, Karen Aspinall, Joshua Lay, Tom Patridge, Millie O’Connell, Matt Gillett, Ashley Andrews, Emma Scherer, Molly Mae Gardiner, Gemma Scholes, Erica Jayne Alden, George Hinson, Matthew Cheney, Kate Ivory Jordan, Stuart Winter, Daisy Boyles, Aaron Wild, Alyn Hawkes, Romain Rachline, Gavin Eden, Dorel Surbeck, Edwige Larralde.

Du 17 novembre 2016 au 8 janvier 2017.
Du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h.

Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet 75001 Paris
Métro Châtelet
Réservation 01 40 28 28 40
www.chatelet-theatre.com

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